Technique de la Cholangio-IRM
1. Préparation du patient
Les patients sont mis à jeun pendant 4 heures avant l’étude afin de réduire les sécrétions liquides dans l’estomac et le duodénum, de réduire le péristaltisme intestinal et de favoriser la distension de la vésicule biliaire. Nous n’utilisons pas systématiquement d’agent anti-péristaltique. Certains centres utilisent un agent de contraste oral négatif (par exemple de l’oxyde de fer ou du jus de myrtille) pour réduire l’intensité du signal des liquides qui se chevauchent dans l’estomac et le duodénum. Le patient installé en décubitus dorsal, pieds en premier, bras au dessus de la tête , avec mise en place d’une ceinture de compensation respiratoire.
Consignes de sécurité : Vérifier les antécédents médicaux pour des contre-indications (ex. implants métalliques, pacemaker) [43].
2. Séquences Utilisées [43], [44]
Protocole de bili-IRM :
- T2 HASTE Axial (Echo de Spin Turbo pondéré T2, en apnée) : cette séquence T2 pondérée, réalisée avec une technique HASTE (Half-Fourier Acquisition Single-shot Turbo spin-Echo), est effectuée en apnée avec des coupes de 5 mm sur l’ensemble des voies biliaires. Deux acquisitions en apnée sont réalisées pour obtenir une couverture complète depuis le foie jusqu’à l’ampoule duodénale, permettant ainsi de visualiser les voies biliaires intra et extra-hépatiques de manière détaillée. Cette séquence est particulièrement utile pour identifier les anomalies de signal dans les voies biliaires telles que les sténoses ou dilatations.
- 3D T2-weighted FSE avec déclenchement respiratoire : cette séquence tire parti de la pondération T2, où les liquides comme la bile apparaissent en haute intensité, permettant une visualisation détaillée des structures biliaires dans un environnement 3D. Le déclenchement respiratoire réduit les artefacts de mouvement, essentiel pour obtenir des images claires et continues. Cette technique offre des voxels presque isotropiques, facilitant la reconstruction multiplanaire. Les images sont ensuite reconstruites en MIP (Maximum Intensity Projection) pour fournir une visualisation claire des structures biliaires et pancréatiques, facilitant l’identification des anomalies.
- T2 HASTE Axial 4 mm centré sur la voie biliaire principale (CBD) : cette séquence HASTE T2 pondérée axiale est centrée spécifiquement sur la voie biliaire principale avec des coupes fines de 4 mm. Elle permet de visualiser de façon détaillée la portion centrale du système biliaire, optimisant la détection des anomalies telles que les rétrécissements ou obstructions du canal cholédoque.
- T1 Axial en phase et hors phase (sur le foie) : les séquences T1 en phase et hors phase sont utilisées pour évaluer les structures extracanalaires, y compris le parenchyme hépatique, le pancréas, la rate et les reins. Ces séquences permettent de détecter des variations de signal liées à des dépôts de graisse ou de fer, aidant ainsi à l’évaluation des pathologies diffuses du foie (comme la stéatose hépatique ou l’hémochromatose).
- T1 VIBE FS (Volumetric Interpolated Breath-hold Examination) avec suppression de graisse : cette séquence 3D sans injection de contraste est utilisée pour évaluer les parois des canaux biliaires ainsi que toute anomalie parenchymateuse focale du foie. La suppression de la graisse (Fat Saturation) permet une meilleure visualisation des structures tissulaires en éliminant les signaux indésirables provenant des dépôts graisseux, ce qui est utile pour l’évaluation des lésions biliaires ou hépatiques.
- True FISP Coronal (Fast Imaging with Steady-State Precession) : cette séquence est généralement la première effectuée dans le cadre d’une bili-IRM pour repérer les voies biliaires extra-hépatiques dans la partie supérieure de l’abdomen. Cependant, dans ce protocole spécifique, elle est réalisée en dernier en raison de son utilité limitée pour l’évaluation directe des voies biliaires. Elle reste néanmoins précieuse pour donner un contexte anatomique global et orienter les autres acquisitions.
- Séquences de diffusion (DWI – Diffusion Weighted Imaging) : ces séquences permettent de détecter des zones d’altération du mouvement des molécules d’eau, ce qui peut indiquer des processus pathologiques comme des infections, des tumeurs ou des inflammations dans les structures biliaires et hépatiques. Elles apportent une sensibilité accrue pour la détection de certaines lésions parenchymateuses.
3. Durée de l'Examen :
- L’examen complet dure environ 20 à 40 minutes, en fonction de la coopération du patient et de la qualité des images obtenues [45].
4. Utilisation des Produits de Contraste
- Sans produit de contraste : La majorité des examens MRCP se fait sans produit de contraste pour visualiser le système biliaire et le canal pancréatique.
- Avec produit de contraste : En cas de besoin de caractérisation des lésions, un produit de contraste gadoliné (ex. Gd-BOPTA) peut être injecté pour des séquences dynamiques . Le Mangafodipir – Trisodium (Teslascan*,GE Healthcare Limited Amersham place, Little Chalfont, Buckinghamshire, UK) est un agent de contraste paramagnétique hépatospécifique à effet positif en T1. Après injection intraveineuse, le manganèse est capté par les hépatocytes sains et le parenchyme sain devient en hyper-signal sur les séquences pondérées T1.
(Le Mangafodipir-Trisodium (Mn DPDP) est un agent de contraste qui contient un métal, le manganèse (Mn 2+), possédant des propriétés paramagnétiques. Il raccourcit le temps de relaxation T1 des protons entraînant un contraste positif en T1) [46].
Une autre hormone synthétique peut être utilisé, la sécrétine-like hormone, dans le cas de suspicion du dysfonctionnement du sphincter d’Oddi a dose de 1UI/kg en injection intraveineuse [47].
Buscopan : Un spasmolytique peut etre utilisé pour visualiser les voies biliaires par son son mécanisme de relaxation des muscles lisses [48].